Mémoires d’un habitant de Grandvilliers


Oise / Monday, June 17th, 2019

PASSÉ – Pour traiter le thème passé, les élèves de 4B et 4D se sont intéressés à l’histoire de Grandvilliers. Ils ont interviewé un habitant spécialiste de l’histoire de la ville et ils ont travaillé à partir de photos d’archives. Quelles photos sélectionner, lesquelles montrent des infrastructures encore visibles dans Grandvilliers, comment faire pour traiter le avant-après… Le tout, encadré par la journaliste Clémence Leleu, notre professeur de français Aurélie Dias et la documentaliste Isabelle Beauvais.

Une version condensée de cet article a été publiée dans l’édition du 12 juin du Courrier Picard. Pour la découvrir, c’est ici.

L’article publié dans le Courrier Picard

Daniel Delattre, 70 ans, habite à Grandvilliers (Oise) depuis 1970. Ancien facteur de profession, il a également monté une maison d’édition spécialisée dans les livres régionaux. Aujourd’hui à la retraite, il nous éclaire sur l’histoire de la ville de Grandvilliers.

Quand la ville a-t-elle été créée et comment s’organise-t-elle ?

La ville a vu le jour en 1213, grâce à Philippe de Dreux, évêque de Beauvais et Evrard, l’abbé de Saint-Lucien.

La ville fait environ 664 hectares actuellement, sa superficie n’a pas vraiment évolué depuis 1835. Auparavant, la commune était plus petite, 400 hectares et s’est agrandie grâce à la commune d’Halloye qui lui a donné des territoires.

Elle se compose de deux quartiers, l’ancien, situé autour de l’église, où quelques anciennes constructions ont résisté au temps et aux évènements, et les plus récents, situés tout autour de ces anciens quartiers jusqu’en périphérie de la ville. Majoritairement composés de pavillons et d’HLM construits après la guerre.

Combien y a-t-il d’habitants et ce chiffre est-il stable ?

On est tout juste à 3 000 habitants. Avant la guerre, nous étions à 1 500-1 600. Le fait d’avoir construit des HLM et des pavillons, ça a fait grimper la population. En ce moment elle stagne et aurait même tendance à diminuer. La population de la ville est fortement liée au mode de vie et au travail qu’il y a sur place. On a connu une démographie croissante au 19e siècle car il y avait l’industrie textile, ensuite elle n’a fait que baisser.

L’avenue Saget ou le Mc’Donald’s a remplacé une usine et l’hôtel du Progrès est devenu une auto école

Au niveau de la population, c’est très varié mais on est une population vieillissante. Les familles ont des enfants, les enfants grandissent, font des études ou apprennent un métier puis s’en vont. Le bassin d’emplois local est plutôt dans le tertiaire, mais on a aussi la verrerie Saverglass à Feuquières ou Kindy à Moliens qui emploient beaucoup de monde ce qui permet d’avoir une population plus jeune.

Quels sont les évènements marquants de la ville ?

On peut en compter 4 principaux.

En 1680, la ville a brûlé. C’est un peu plus compliqué d’avoir des précisions, mais les maisons étaient à l’époque en torchis et bois de chaume. Quand une maison s’embrase, c’est rapidement tout le village qui brûle. Le Mercure de France, le journal de l’époque, relate que l’incendie est dû à une personne qui repassait son linge et c’est à cause de son fer laissé sans surveillance que la maison aurait pris feu avant que l’incendie ne se propage à tout le village. Il ne reste alors plus rien sauf la chapelle Saint-Jean qui se trouve à droite en entrant à Grandvilliers et la grande maison bourgeoise qui est derrière.

La chapelle Saint-Jean, seul vestige de l’incendie de 1640

On peut également parler des grandes manœuvres de Picardie qui ont eu lieu en 1910. Plus de 30 000 soldats étaient sur place, accompagnés par 28 chefs d’état ou représentants d’état.

Les 6,7 et 8 juin 1940 la ville a été bombardée et comme si ce n’était pas suffisant l’ennemi a brûlé les maisons et Grandvilliers a été détruite aux trois-quarts. C’est pour cela qu’aujourd’hui il y a beaucoup d’habitats récents car il a fallu reconstruire après la guerre. Environ 800 maisons ont été détruites, ce qui est énorme puisque la ville ne devait pas en compter plus de 1200.  La ville subira de nouveau des bombardements en 1944.

Les occupants étaient plutôt fiers, ils ont fait beaucoup de photos qu’ils envoyaient dans leur famille en Allemagne. C’est pour cela qu’aujourd’hui on retrouve des photos qui proviennent des collectionneurs outre Rhin, ce qui nous permet de voir les dégâts qui avaient eu à Grandvilliers. Sans ces photos nous n’aurions pas trop de témoignages de cette époque là.

Enfin, en 1985, la maison de retraite a brûlé. Cette année-là, il a fait fort froid, on est descendu à moins 20 et pour dégeler des tuyaux dans le grenier un ouvrier avait décidé de le faire avec un chalumeau. Il y a eu des étincelles et le feu a pris dans les combles. 24 personnes ont perdu la vie. Aussitôt dans la journée, François Mitterrand, alors président de la République est venu sur place en promettant d’être présent lors de la fin de la reconstruction. Il est donc revenu à Grandvilliers en 1989, lors de l’inauguration du nouveau bâtiment.

Quelles sont les nouvelles infrastructures ?

La mairie et l’école ont été reconstruites. Ils ont construit de nouvelles infrastructures comme la salle des fêtes, la piscine, le collège en 1965, le terrain de foot et le centre culturel. La piscine est la plus ancienne de l’Oise. On venait à la piscine à Grandvilliers car il n’y avait pas de piscine à Beauvais par exemple, à part celle de Saint-Esprit mais qui était réservée aux élèves de l’école. On venait de loin pour venir se baigner !

L’ancienne école des filles, abrite aujourd’hui les locaux de l’ARC.

Certains anciens bâtiments ont-ils été reconvertis ?

Oui tout à fait ! Le centre social et culturel était une ancienne laiterie.  On y faisait du fromage il y a encore quelques décennies. L’école des filles, accueille les locaux de l’association d’accueil et rencontres culturelles (ARC) depuis qu’une nouvelle école communale a été construite.

Quand le collège a-t-il été créé et par qui ?

Le Collège a été créé en 1965. Il a pris le nom de Ferdinand Buisson qui est un ministre de Jules Ferry, fervent défenseur de l’école laïque, gratuite et obligatoire. Ferdinand Buisson a vécu toute sa vie à Thieuloy-Saint-Antoine. On peut voir sa maison en face de la mairie. Dans la cour de cette maison un arbre a été planté par Ferdinand Buisson au milieu des années 20. Il a fini sa vie à Thieuloy et y est enterré. C’était un personnage, un libre-penseur. D’ailleurs, une association de libres-penseurs vient tous les ans se recueillir sur sa tombe.

Propos recueillis par les élèves de la 4eB du collège Ferdinand Buisson de Grandvilliers

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